Pendant deux semaines, la compagnie des Kilomètres de vie en rose s’installe au Théâtre des Beaux Arts de Bordeaux et nous présente le seul-en-scène Messieurs les Coureurs. Nous avons rencontré l’auteur et comédien Pascal Labadie et le directeur artistique Frédéric Arp.

 

Pascal Labadie vous avez un parcours assez décousu : vous avez été coureur cycliste puis infirmier psychiatrique et enfin comédien depuis plus de 20 ans. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé à monter sur scène pour la première fois et à y rester ?
Pascal : Je ne sais pas ce qui m’a poussé à monter sur scène mais je sais que ma place est là. J’ai commencé en amateur puis j’ai fait une formation qui m’a amené à rencontrer le monde du théâtre professionnel. Puis un jour j’ai rencontré Frédéric Arp. Il m’a beaucoup touché dans sa manière de travailler et de cette rencontre est né Messieurs Les Coureurs.

De quoi traite votre spectacle, Messieurs les coureurs ?
Frédéric : Messieurs Les Coureurs traite de la quête, du voyage du héros et de comment il se réalise selon ses origines sociales, son genre. Ça parle de l’expansion du héros et de comment il fait pour se sentir à sa place. Théâtralement, on le transpose dans un espace qu’on appelle « le spectacle merveilleux de la ruralité » où s’entrecroisent des histoires autour d’une famille et d’un père qui aurait voulu être coureur cycliste et qui va donner, inconsciemment, ce poids à un enfant. C’est une sorte de saga familiale où différents personnages interviennent dans une triade de rapport de pouvoirs.

 

« Ça parle de l’expansion du héros et de comment il fait pour se sentir à sa place. » Frédéric Arp

 

Parlez-nous de votre collaboration.
Frédéric : Quand j’ai rencontré Pascal j’ai rencontré ma muse. Ça m’a donné envie d’assumer mes choix artistiques et de porter une vision du théâtre au monde. On est au début de quelque chose, on donne forme à des rêves.
Pascal : Quand j’ai rencontré Frédéric Arp, j’ai rapidement compris que j’avais quelqu’un en face de moi qui me parlait complètement différemment de la notion de comment être sur un plateau de théâtre, de ce qu’on pouvait attendre d’un acteur. C’était la première fois que j’entendais que le metteur en scène était au service de l’acteur et non l’inverse.

Est-ce que vous pouvez nous présenter votre compagnie théâtrale, La compagnie des kilomètres de vie en rose ?
Pascal : Quand est arrivé le moment de diffuser le spectacle, il a fallu nommer les choses et c’est ainsi que la compagnie est née. Elle est tombée sous le sens des valeurs, des références et d’inspirations communes.
Frédéric : La Compagnie des kilomètres de vie en rose vient d’une chanson d’Alain Baschung qui s’appelle La nuit je mens. Et la phrase qui amène ça c’est « d’estrade en estrade j’ai fait danser des kilomètres de malentendus, des kilomètres de vie en rose ». Le cadre, l’identité existe par la rencontre et puis à un moment elle va se structurer à nos yeux.

Est-ce que vous pouvez nous dire comment vous êtes entré en contact avec Loïc Rojouan, le directeur du Théâtre des Beaux Arts ?
Frédéric : Loïc Rojouan est venu nous voir à Camiran dans une salle de travailleurs en sud-gironde dans un bistrot de campagne. On essayait de le joindre par un intermédiaire parce qu’on avait envie de jouer au Théâtre des Beaux Arts. Il est venu nous voir jouer un soir d’hiver et il a beaucoup été touché par le spectacle et nous aussi. Il nous a donné des conseils sur le spectacle puis nous a proposé d’inscrire messieurs les coureurs à la programmation du Théâtre des Beaux Arts et il l’a fait pour de vrai.

Que représente cette collaboration avec le Théâtre des Beaux Arts ?
Pascal : Cela nous permet de nous faire connaître. Le Théâtre des Beaux Arts est un lieu qui commence à se faire connaitre à Bordeaux. Ce spectacle a essentiellement été joué en sud-gironde, dans le lot-et-garonne, en dordogne et non sur Bordeaux alors qu’il en est originaire.
Frédéric : Il est important de travailler avec des personnes avec qui on a envie de contribuer. Contribuer à l’identification d’un lieu qui va proposer une manière de faire du théâtre qui je pense politiquement nécessaire.

Que pensez-vous de la programmation du Théâtre des Beaux Arts et de sa collaboration avec les compagnies locales ?
Pascal : Même si je joue depuis très longtemps, je ne suis pas très implanté dans le milieu théâtral. J’aime faire du théâtre mais être du théâtre ça ne m’intéresse pas trop. En revanche, je suis venu voir La Famille Vient En Mangeant et j’étais très touché. Il y a des similitudes d’écriture avec Messieurs Les Coureurs dans la façon de traiter le temps, les personnages.

 

« En jouant Messieurs Les Coureurs, je me suis rendu compte que les gens n’en avaient rien à faire du vélo et qu’il n’est pas question de ça. » Pascal Labadie

 

Quelles sont les qualités et compétences que vous avez développé lors de votre carrière de cycliste et qui vous servent aujourd’hui pour votre métier de comédien ?
Pascal : Quand on fait du sport on se fait du mal et on s’en rend compte bien après parce qu’on est pris dans autre chose. C’est un peu la même chose sur scène : on est dans un autre état, on se voit jouer.
Frédéric : Je pense que le point commun entre le sport et la manière dont on aborde le théâtre c’est le corps. C’est un théâtre de la viande, un théâtre organique. Le point commun c’est la dimension de l’incarnation de la vie, du pouvoir de la métamorphose. A une époque le spectacle durait 1h45 pour que l’acteur joue en l’état et devienne ce que j’appelle un acteur-créateur.

Pourquoi avoir misé sur un décor sans artifice ?
Frédéric : Ce qu’on aborde c’est un théâtre organique, l’art de la métamorphose. Pour moi il n’y a pas besoin d’enrober d’artéfacts si c’est incarné. Mon choix artistique est d’affirmer la puissance évocatrice du corps. Le corps a une puissance de métamorphose. A un moment les gens voient quelque chose. Et on peut jouer partout parce que pour moi l’acteur il sait s’adapter consciemment au cadre dans lequel il joue.

À qui s’adresse votre spectacle ?
Pascal : Messieurs Les Coureurs s’adresse à tout le monde. Quand je l’ai écrit je ne savais pas ce que j’écrivais. Je ne savais pas ce que je voulais dire. Je me demandais ce que je voulais raconter. Et à la fin je me suis dit mais « tu as raconté l’histoire d’un mec qui aime le vélo… on s’en fout. » En le jouant je me suis rendu compte que les gens n’en avaient rien à faire du vélo et qu’il n’est pas question de ça.

À quoi le public du Théâtre des Beaux Arts doit-il s’attendre ?
Frédéric : Il faut s’attendre à une traversée.
Pascal : En tant qu’acteur j’attends, moi aussi, quelque chose. Je ne viens pas me montrer. On va faire un truc ensemble. Je ne joue pas seul, je joue avec le public et avec Frédéric qui m’accompagne. On vit tous ensemble Messieurs Les Coureurs.

Si vous deviez retenir une réplique essentielle de votre seul-en-scène, quelle serait-elle ?
Pascal et Frédéric : « Quand je serai grand je serai… »

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