Aujourd’hui nous avons eu le plaisir de recevoir Samantha Grassian pour Madame Paule : Mise à Nu.e. Ce spectacle est à l’affiche au Théâtre des Beaux Arts de Bordeaux les 17, 18 et 19 février 2022.
Madame Paule : Mise à Nu.e raconte l’histoire de la fille d’une cantatrice serbe qui, par les aléas de la vie, se retrouve sans-abri. Un soir, elle entre par hasard dans la salle d’un théâtre mystérieusement vide. Se retrouver sur scène l’entraîne petit à petit sur les routes de son passé, de son présent et de son futur. Elle entame alors une longue introspection, un voyage à la découverte d’elle-même. À travers cette épopée ce sont de nombreuses questions de société qui sont abordées. Samantha Grassian nous en parle plus précisément.
Avant d’être un spectacle, Madame Paule c’est avant tout de la musique. Cette pièce a été écrite à partir de plusieurs chansons de Samantha Grassian et de Jean-François Kogane. Certaines datant de plus de 20 ans déjà, comme Bellegrade une musique composée par Jean-François Kogane qui a permis de déterminer l’origine du personnage. Madame Paule s’est construite à partir de la plume de Claire Couture, d’anecdotes personnelles, d’improvisations, ainsi que des musiques déjà existantes. La chanson joue aussi un double rôle, elle permet de faire écho à la mère de Madame Paule et à ses origines slaves, mais aussi de refléter la personnalité loufoque du personnage. Au fil des 16 musiques qui composent ce spectacle notre protagoniste se dévoile, la chanson « je vous fais un chèque » nous raconte, par exemple, comment elle s’est retrouvée sans-abri.
« Des improvisations plateau naissaient des idées et lors de discussions informelles Claire prenait des notes et continuait d’écrire le spectacle »
Ce sujet a d’ailleurs son importance dans ce spectacle, car on comprend assez vite les choix qui l’ont mené à cette situation. Madame Paule vient à l’origine d’un milieu aisé où sa voie était déjà toute tracée. Cependant, c’est le désir d’indépendance qui l’a poussé à prendre un autre chemin. Une réalité qu’elle aura du mal à accepter préférant remettre la faute sur ses mauvaises rencontres. Ce sont aussi des questions psychologiques et philosophiques comme la fuite de sa propre culpabilité et l’acceptation de soi que l’on retrouve dans Madame Paule.
La culture slave a aussi beaucoup d’importance dans ce spectacle, que ce soit par la musique qui contient des vocalises typiques des pays de l’Est, mais aussi par l’apparition de petits personnages mystérieux les « Domovoïs » faisant partie du folklore Tzigane. Ces esprits protecteurs de la maison et de la famille semblent paradoxalement ne pas lâcher la conscience de Madame Paule alors que celle-ci n’a plus de maison ni d’entourage. Mais c’est justement eux qui vont la pousser à affronter ses réalités et à accepter qu’elle représente elle-même son propre foyer et son entourage. Le flou sur l’existence réel de ces créatures est un parti pris, car le public ne sait pas si elle les imagine ou non. Le public est aussi amené à réfléchir sur son propre rôle dans le spectacle car s’il n’était pas là Madame Paule n’aurait pas pu se révéler.
« Finalement elle accepte ses choix, elle comprend que sa maison c’est elle, le jour où elle accepte ça, elle n’est plus sans-abri. »
Toujours dans l’idée de se révéler et de s’affirmer, Madame Paule cherche désespérément à se faire entendre, par son statut de sans-abri ou d’étrangère, elle a trop souvent été invisibilisée. Elle souhaite donc se défaire des masques de la société et montrer qu’elle aussi elle peut chanter, qu’elle aussi elle a quelque chose à apporter. Madame Paule est une femme engagée, une manifestante. À travers elle, ce sont beaucoup de personnes qui peuvent se retrouver, ce spectacle les invite à s’exprimer.
Pour conclure, Madame Paule : Mise à Nu.e est un spectacle déjanté, avec des musiciens de talent, mais aussi et surtout un personnage attachant et juste, un reflet de chacun. À découvrir au Théâtre des Beaux Arts de Bordeaux !